Bellevue Pathé l'histoie d'un studio


En 1968, Harold Greenberg apprend d’un ami de l’ONF que la demande de laboratoire se fera pressante à Montréal dans les années à venir et que le seul et unique laboratoire de Montréal allait bientôt fermer ses portes parce que les propriétaires, des Américains voulaient s’en débarrasser. Avec ses trois frères Ian, Harvey et  Sidney achètent de la Du-Art lAssociated Screen Industrie, le laboratoire de développement de films d’archives, de documentaires, de commandites et de films de propagande pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ils font également l’acquisition des deux concurrents l’un à Toronto (Pathé-Humphries of Canada) et l’autre à Vancouver (Trans-Canada Films Ltd). La famille Greenberg modernise les installations situées sur la rue Northclif et lui octroie une nouvelle dénomination en 1970 : la Bellevue Pathé.

 
Logo de l'Associated Screen Industries


2000 Avenue Northcliffe, Montréal

Crédit photo : https://imtl.org/image.php?id=7576&im=3 et google map

En 1973, Greenberg attire l’intérêt des Bronfman et lui avance les millions nécessaires à l’acquisition d’Astral limité, le plus important distributeur de films au Canada. La fusion des deux entités donne la compagnie Astral Bellevue Pathé inc. Et par conséquent, ajoute la production et la distribution de films à ses activités de reproductions et d'impression.

À ce moment, le cinéma québécois connaît son deuxième souffle et consacrait ABP comme centre de gravité autour duquel de nombreux réalisateurs, techniciens et producteurs de films ont appris leur métier. Harold Greenberg collabore avec plusieurs réalisateur et producteurs québécois et Canadien. (entre autre Gilles Carl, Claude Héroux, Rock Demers) Greenberg veut en faire de Bellevue Pathé, le Hollywood du nord et se tourne vers des productions internationales en anglais. Il offre sa première chance à un jeune réalisateur, Oliver Stone en 1973 en finançant Seizure (Tango macabre) un drame d’horreur qui connut un certain succès.

Par la suite, en 1979 il produit le film catastrophe Cité en feu et coproduit la mini-série Un homme nommé Intrépide, s’associe à la 20th Century Fox pour produire Chez Porky en 1981 et ses suites en 1983 et 1985. Il devient producteur adjoint de Gilles Carles pour la méga production Maria Chapdelaine ; et s’associe aux mémorables productions : La femme de l’Hôtel, Le Matou, La guerre des tuques, Un zou la nuit, et plusieurs autres. Au fil des années, une trentaine de productions grossiront le catalogue des films Astral.

 

Laboratoire Cinématographique

Avec l’acquisition de l’équipement de postproduction cinématographique d’ONIX films en août 1972, Harold Greenberg ajoute alors à son entreprise les activités de postproduction et de doublage digne de ce nom. Un studio de doublage se trouvait déjà dans l'édifice de l'Associated Screen puisque l'acteur et metteur en scène Ulric Guttinger y dirige déjà le doublage de quelques séries entre 1968 et 1970 (Mes trois fils, Spiderman, Speed Race). Mais l'équipement d'ONIX films va permettre de s'attaquer aux films cinématographiques en plus des séries télévisés et des téléfilms déjà de plus en plus en demande pour les grilles horaires de Radio-Canada et de Télé-Métropole. 

Grâce à sa ténacité, et ses nombreuses connaissances auprès des représentants canadiens des studios d’Hollywood, Harold Greenberg parvient à convaincre les directeurs des grands studios de travailler avec lui. Rapidement Astral Films imprime et distribue à travers le Canada les pellicules pour les productions de Tri-Star, Columbia Pictures, Twentieth Century Fox, Walt Disney et Cannon Films.

Avec sa filiale Ciné-Maison Bellevue, il devient le plus important distributeur vidéo au Canada. L'entente signé en 1988 avec Buena Vista va permettre une distribution des produits Disney dans tous les points de vente du Canada. Ciné-Maison imprime et distribue également les cassettes vidéo des films Columbia/Tri Star, 20th Century Fox, Cannon groupe, Universal, les Productions La Fête ainsi que quelques petits éditeurs pour tout le pays.

Comme le doublage de films est un "service" disponible par l'une de ses compagnies, quelques films au passage seront aussi doublés dans les studios Bellevue Pathé

Les coups durs [Fat City] (Columbia) ; L'appentissage de Duddy Kravitz [The Apprenticeship of Duddy Kravitz] (Astral); À bout de nerf [Breaking Point] ; Le chien enragé [Mad Dog Morgan] ;  Obsession (Columbia) L'autre versant de la montagne [The other side of the Mountain 1-2] (Universal) ; À Miami faut le faire [Caddyshack] (Warner); Cheech & Chong -la suite [Next Movie], La fille du mineur [Coal Miner's Daughter], Lancer-frappé [Slap shot] (Universal) ; Gelés ben dur [Cheech & Chong Nice DreamsPot Problème  [Things Are Tough All Over](Columbia) ; Problèmes modernes [Modern problems], Je me fais du cinéma I Ought to be in Pictures, Embrasse-moi, je te quitte [Kiss me goodbye], Une autre façon d'aimer[Making Love], Le train de la terreur [Terror train] Brewster et les six chenapans [Six-pack], Chez Porky [Porkys] (Fox)  

L’embargo du doublage par la France viendra tout de même ralentir le développement de cette branche. Il faudra attendre la loi 109 et particulièrement la loi 59 en 1988 pour faire bouger les choses dans ce domaine. (Un article est en préparation sur la période 1968-1990) 

 Des la fin des années 1980, Bellevue Pathé réussi un coup de maître en persuadant un à un les studios Warner Bros, Columbia, Tri-Star, Universal, Disney, Savoy de devenir des clients des ses installations de postsynchronisation et de doublage pour répondre au marché québécois qui est sous la nouvelle loi 59. Cette loi demande une version française simultanément à la version originale anglaise. On se souviendra qu'auparavant, les versions françaises produites à Paris pouvaient prendre enter six mois et une année avant qu'elles soient disponibles au Canada. Harold Greenberg est totalement opposé à cette loi, comme bon nombres de petits distributeurs du Québec comme Malo, France film, CFP, puisqu'elle entraîne des coûts supplémentaires pour la distribution de films. Deux membres de son personnel cadre et un technicien vont d'ailleurs quitter Bellevue Pathé pour fonder Super-Sync en 1988, démontrant leur désaccord avec l'attitude de Greenberg. 

Téléfilm-Canada va financer pendant quelques années le doublage de certain films plus nichés, mais la solution viendra du gouvernement du Québec qui offrira un crédit d’impôt pour couvrir une partie des frais de doublage. Avec les années, Bellevue Pathé obtiendra jusqu’à 60 % du marché du doublage au Québec pour cette période. Finalement, la loi aura eu des effets positifs pour les studios de Greenberg contrairement a sa vision des choses.

En 1990, la filiale canadienne de Warner Bros s'engage à faire doubler en français par Astral Bellevue Pathé tous ses longs métrages, ce qui représente au moins une quinzaine de productions pour l’année en cours, comparativement aux 5 titres de l’année 1989. S’ajoutant à la demi-douzaine de films de Disney et de ses filiales Touchstone et Hollywood Pictures. L’autre partie des productions se fait dans les studios de Multidub nouvelle appellation de Synchro-Québec.

En 1993, la division des services techniques de Bellevue Pathé change d’appellation, pour devenir AstralTech et prend un sérieux virage technologique avec des investissements de 25 millions de dollars dans sa modernisation.

En 1994, Astral déménagent les studios de doublage devenu désuet et les laboratoires de développement de films dans son bâtiment de la rue Sainte-Catherine et occupe quatre des dix étages. À la faveur de ce déménagement, la superficie du laboratoire est doublée et sa capacité de production a triplé. L’acquisition d’équipements de pointe, tels que des installations de montage audio en format numérique, ainsi que l’ajout de trois nouveaux studios de doublage qui augmentent la capacité de doubler de 60 à 120 films par année. l'expansion permettra de tripler la capacité de développement des négatifs de 50 à 150 pieds la minute. Les dirigeants ont chois de grandir plutôt que de périr avec des contrats en mains d'impression et de distribution avec les studios Buena Vista, Columbia / TriStar, Max film et les productions la Fête.

Complexe du Fort, 2100 Sainte-Catherine ouest, Montréal 
(crédit photo: Google map)

 Astral Tech contrôle à ce moment 80% du marché québécois. Pour l’année 1993-1994, Astral Tech a effectué le doublage, dans ses studios, de 60 longs métrages américains ajoutés aux 150 épisodes de séries télévisées.

 

En février 1999, Astral Communication devient majoritaire de 63.3% du Groupe Covitec (anciennement Sonolab) en fusionnant sa division AstralTech à Covitec.

Le président et chef de direction d’Astral, Ian Greenberg et Claude Gagnon, président fondateur et chef de division du Groupe Covitec ont confirmé lors d’un point de presse que la nouvelle entité sera exploitée sous le nom Covitec et que le président de Covitec, Claude  Gagnon, restera à la tête de l’entreprise.

Quatorze mois plus tard, soit le 11 avril 2000  Astral  annonce qu’elle vend son entreprise AstralTech Centre de reproduction et de distribution vidéo à Technicolor le chef de file mondial des entreprises de médias spécialisées en supports visuels pour une somme de 26.5 millions $

Le 3 octobre 2000, Astral se départit finalement de sa filiale de services techniques Covitec à Technicolor.  Covitec conserve son président, sa direction et tous ses employés. Cette décision de vendre à Technicolor est due au fait que Covitec aurait eu de la difficulté à concurrencer le nouveau laboratoire de Technicolor au Québec. De plus, Astral veut davantage s’orienter vers les médias électroniques et développer des stations de télévision  en anglais et en français.

 En 2003, l’appellation Covitec disparaît et est remplacée par 

Astral a aujourd’hui totalement abandonné ses activités cinématographiques, mais elle est le plus importants groupes de média électronique du Canada. Propriétaire de nombreuses chaines de télévision a travers le Canada.

La contribution au monde du cinéma et de la télévision d’Harold Greenberg a été immortalisée par Astral en créant un fonds consacré au financement de la production d’émissions de télévision et aux longs métrages pour la télévision. Le FONDS HAROLD GREENBERG.

 

Tout au long des 30 années que la compagnie Astral fut un joueur marquant dans le domaine de la postproduction et du doublage des films aussi renommé que prestigieux.

Quelques séries doublées dans les studios de l'Associated Screen Industrie




Quelques films  doublés dans ses studios de Bellevue Pathé dans ses premières années d’opérations.
























Références:

Le Soleil, 16 juin 1979, E8
La Presse, 6 février 1986
La Presse, 30 juillet 1988
La Presse, 9 avril 1988 E18
Le Soleil, 4 déc. 1988
La Presse, 13 juillet 1990, Cahier A
Le Soleil, 17 aout 1990 C3
La Presse, 8 octobre 1994 D2
Le Soleil, 17 oc. 1998 B15
Le Soleil, 11 juin 1999 C3
Des pas dans ma mémoire / Claudine Cabay Chatel. Montréal : Publistar, 2008. Isbn: 9782895622130



Liste des films et séries doublés chez Bellevue Pathé 
Liste des films et séries doublés chez Associated Screen Industries

Recherche et rédaction : Stéphane Perron 2020
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